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LES NOCES SANGLANTES DE KIEW

sied à une fidèle épouse et à de loyaux serviteurs. Nous éléverons un mohila (petits monticules de terre que les Russes dressaient sur les tombes de leurs héros tombés au champ d’honneur) et célébrerons un festin mortuaire.

— Si tu le permets, auguste princesse, nous partagerons ton deuil et nous nous joindrons à toi pour offrir des sacrifices au mort.

La czarine inclina la tête en signe d’assentiment. Sur un signe d’elle, le cortège se remit en marche.

Le prince chevauchait humblement à quelques pas de sa litière, respectant sa douleur et se contentant de répondre à ses questions, sans oser lui adresser la parole. Ainsi ils atteignirent Iskoretskou, dont les hautes tours étaient pavoisées et dont les habitants vinrent offrir à genoux, selon la coutume slave, à leur royale hôtesse le pain et le sel, symboles de paix et d’hospitalité.

Quand Olga se trouva seule dans le luxueux appartement qui lui avait été préparé, elle arracha ses voiles, s’assit devant un miroir serti d’or, et s’y regarda longuement.

— Mes joues sont pâlies par les larmes, dit-elle, mais je suis belle et désirable encore. Je veux être belle, car il faut qu’il m’aime.