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L’AMOUR CRUEL

Les ambassadeurs, sensibles à l’honneur qui leur était fait, se confondirent en remerciements, et, aussitôt, douze jeunes filles parurent, avec mission de les accompagner au bain, selon l’usage de Russie.

Les Podoliens les suivirent sans appréhension jusqu’au jardin où se trouvait, isolée, une construction en bois, formant établissement de bains.

À peine y eurent-ils pénétré que les jeunes filles en fermèrent les issues. Puis, apportant en hâte des fagots enduits de poix et de goudron, elles les entassèrent autour de la maison et y mirent le feu.

Bientôt, les flammes et la fumée montèrent de toutes parts, menaçant d’étouffer les Dérewlans qui, saisis d’angoisse, crièrent au secours après avoir, en vain, essayé d’échapper par les portes.

Ils entendirent la czarine crier :

— Quel bain sans pareil ! Il est, ma foi, capable de laver le sang d’un czar ! Mais tâchez qu’il ne vous devienne pas trop chaud.

En vain, les Podoliens supplièrent grâce, la czarine demeura impitoyable ; elle ne répondit pas à leurs cris, les laissant rôtir sans pitié.