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L’AMOUR CRUEL

de transporter le centre du royaume à Iskorteskou. Mais, sur les moyens d’atteindre ce but, les avis se partagèrent. Les jeunes et belliqueux parlaient d’envahir le royaume tombé aux mains d’une femme, avant qu’il n’ait retrouvé un chef. Les anciens, au contraire, rêvaient d’une conquête pacifique et que Kiew leur fût soumis de la manière qu’une femme est soumise à son mari, en recherchant, pour leur prince, la main de la veuve d’Igor.

Cette combinaison eut l’assentiment de Mak, non que l’ardeur au combat lui fît défaut, mais parce que la passion qu’Olga lui avait inspirée à première vue, dominait sa volonté, et qu’il avait plus d’espoir de conquérir la belle et fière czarine en venant à elle comme messager de la paix, qu’en frappant de son épée à la porte de sa retraite de veuve.

La lune n’avait point rempli son disque depuis la mort d’Igor, que le Dniester vert et mugissant amenait à Kiew un vaisseau tout doré et d’une splendeur inouïe, portant les ambassadeurs chargés de demander la main d’Olga pour le jeune prince des Dérewlans.

Une foule innombrable les reçut au débarcadère et les escorta jusqu’au palais.