Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/293

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
277
LES NOCES SANGLANTES DE KIEW

vêtit des habits de deuil et commanda un somptueux office mortuaire.

De vingt lieues à la ronde, le peuple accourut, les boyards portant leurs armures sur leurs vêtements de deuil. Des chants funèbres retentirent, et les prêtres récitèrent les prières des morts. Puis les boyards se réunirent dans la grande salle, où des bœufs et des moutons entiers furent servis sur une longue table. Le cuisinier, armé d’un coutelas étincelant, les découpa en larges tranches, tandis que des esclaves apportaient incessamment des cruches en grès, remplies d’hydromel.

Ainsi fut célébré le festin mortuaire d’Igor, tandis que la czarine, enveloppée de voiles épais, restait assise dans ses appartements, entourée de ses femmes pleurant ou chantant des lamentations et de déchirantes complaintes.

Pendant ce temps, Mak, élu prince des Dérewlans, avait réuni en son palais, les nobles et notables des diverses communes, élaborant avec eux de nouveaux projets contre Kiew. Tous étaient d’accord sur ce point, que les Podoliens ne recouvreraient leur indépendance qu’en ne s’arrêtant pas au premier pas et en se décidant aussitôt à un second, plus décisif, celui de soumettre Kiew et