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L’AMOUR CRUEL

s’enveloppa d’une pelisse et descendit, accompagnée de ses gens portant des torches, jusqu’à la porte que l’on ouvrit.

Là, elle vit le cheval blanc de son mari, la tête penchée, tout couvert de poussière, de sueur et de sang. Aussitôt que l’animal aperçut sa maîtresse, il poussa un court et plaintif hennissement et s’étendit à ses pieds, fatigué à mourir.

— Un grand malheur est arrivé, dit Olga pâle et tremblante d’émotion. Le czar est blessé ou prisonnier, peut-être mort !

Et elle dépêcha des messagers. Avant qu’ils ne fussent partis, les boyards de l’escorte du czar revenaient, apportant la nouvelle de la mort de leur maître, tué de la main d’un insurgé.

Olga écouta en silence. Ses sens ne la trahirent point, elle ne tomba, ni ne pleura. Muette, elle congédia les boyards et s’enferma pendant trois jours et trois nuits, sans consentir à prendre aucune nourriture, regardant devant elle, les yeux fixes, sans bouger. Le quatrième jour, elle descendit aux écuries et s’approchant du cheval blanc de lait, passa son bras autour du cou de l’animal, qui posa la tête sur son épaule. Elle resta longtemps ainsi, puis remonta à ses appartements, re-