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L’AMOUR CRUEL

En attendant, Desforges, dans sa cellule, se trouvait dans la plus triste situation. Il pressentait que l’impitoyable déesse de la vengeance le poursuivait en la personne de deux femmes aussi belles que méchantes. Il fallut toute l’insistance de son geôlier, pour lui faire prendre quelque nourriture. Il se coucha tout habillé sur son lit, pleurant nuit et jour, ou déclamant des vers tragiques pouvant s’appliquer à son cas.

Enfin, le jour vint où il devait apprendre le sort qui lui était réservé.

On le conduisit dans une petite salle où se tenaient assis, derrière une table couverte d’un tapis vert, trois juges en longues robes et un petit scribe borgne.

Derrière les sièges des juges, se trouvait un grand paravent ; l’accusé était entouré par une vingtaine de geôliers.

L’instruction se distingua par sa brièveté. On présenta à Desforges une copie de sa satire, puis on lui demanda s’il la connaissait.

Sur sa réponse affirmative, ou lui demanda encore s’il s’en reconnaissait l’auteur.

Et, comme il niait, on produisit le manuscrit autographe.