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L’AMOUR CRUEL

— Quelle singulière conduite ! remarqua le marquis.

— Mon Dieu, c’est celle d’un poète, fit la mère en souriant.

Lorsque Mlle de Marneville, accompagnée de sa vieille nourrice, sortit de l’église Notre-Dame, Desforges était là qui l’attendait.

— Quel crime ai-je commis, mademoiselle, s’écria-t-il d’un ton exalté, pour qu’en une heure vous fassiez de moi le plus heureux et le plus malheureux des hommes ? Vous êtes à peine moins cruelle et sans cœur que la Marquise que vous détestez.

— Je n’ai pas de comptes à vous rendre, répondit Adrienne avec dignité.

— Vous m’assuriez, cependant, que vous m’aimiez, plaida le poète.

— Oui, je me l’étais imaginé, fit la jeune fille en haussant les épaules. Vous étiez le seul homme que je connaissais. Êtes-vous satisfait ?

— Et maintenant ? balbutia le jeune homme.

— Maintenant, j’aime le Marquis, mon fiancé.