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PRÉFACE

cer, perçut un bruit de pas lourds, et un homme, qui lui parut grand et fort et dont la voix était remarquablement chaude et mélodieuse, vint prendre place à ses côtés.

— Avoue, dit-il, que tu attendais une femme ?

Sacher-Mazoch s’en tire avec beaucoup de présence d’esprit :

— Je le craignais.

Sur sa demande s’il est beau, l’inconnu répond qu’il ressemble à lord Byron.

— Tu es beau, affirme Masoch, je le sens. Qui possède une voix comme la tienne, doit être beau.

L’entretien dure deux heures, Anatole ne parlant que d’amour idéal et immatériel et confiant au romancier qu’il n’a jamais connu de femme, qu’il est pur « d’âme et de corps ».

En prenant congé, il presse ses lèvres brûlantes sur les mains de l’ami.

Mais Sacher-Mazoch, occupé à gagner le pain de ses enfants, n’était point d’humeur à perdre son temps en rêves. Il met Anatole au pied du mur, lui demandant une amitié franche et confiante, à ciel ouvert.

Sur quoi son mystique et insaisissable amant se