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PRÉFACE

d’une belle et aristocratique écriture, et signé du nom d’Anatole. Le signataire demande, en termes exaltés, au poète, s’il est encore le même que du temps où il écrivit Le nouveau Platon.

Sur la réponse affirmative s’ensuit un échange de lettres d’un romantisme échevelé dont quelques-unes seraient à leur place dans le nébuleux « Raphaël » de notre Lamartine. Mais bientôt Sacher-Mazoch, persuadé qu’une femme de la haute noblesse se cache derrière le pseudonyme masculin, demande à connaître son enthousiaste adorateur. Les lettres d’Anatole portaient tour à tour le timbre de toutes les résidences d’Europe.

Après mille hésitations, avec mille réticences, et en laissant percer un singulier effroi, Anatole consent à une rencontre dans des conditions spéciales ; il rejoindra son ami à onze heures du soir, dans une chambre d’hôtel de la ville de Bruck ; la chambre sera obscure et Léopold aura les yeux bandés.

À l’heure dite, le romancier, qui s’était conformé en tous points aux instructions reçues et qui, en face des terreurs exprimées en de longues pages pleines de la joie tremblante de l’entrevue et de la pâle terreur des conséquences possibles, était prêt à y renon-