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HEMELNIZKI LE COSAQUE

Vite, elle éteignit les cierges, laissant une petite lampe répandre sa lueur diffuse et rougeâtre dans la chambre, et se coucha.

Elle ne reposa pas longtemps. Un courant d’air effleura ses joues, et le staroste se trouva devant elle, semblant sortir de la muraille. Une porte secrète lui avait livré passage.

Lidwine tressaillit de frayeur. Elle réprima un cri, mais déjà le staroste était à ses pieds et elle… elle lui ouvrit les bras.

Tandis que sa femme succombait, vaincue par le luxe et les hommages, Hemelnizki demandait en vain justice contre le séducteur, à tous les tribunaux de Pologne. Toute la passion et l’impétuosité de son fils n’avaient pu le décider à recourir à la force. Alors Jan, que l’amour et le désespoir menaçaient de rendre fou, résolut d’agir par lui-même.

Toute la noblesse du staroste était rassemblée à Tschérin pour une fête masquée, lorsqu’une fusillade éclata dans la rue et un heiduque couvert de sang pénétra dans le palais, poussant, au milieu des danses, des bavardages et de la musique frivole, le cri : « Surprise ! Trahison ! L’ennemi est dans la ville ! »