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L’AMOUR CRUEL

On se félicita, on s’embrassa.

Puis les couples se rangèrent, les musiciens — en Pologne toujours des juifs — en tête, pour la polonaise, et la longue file fit serpenter ses anneaux le long des galeries du palais, jusqu’à la salle de bal, où l’on s’arrêta.

Alors les juifs aux longues barbes et aux boucles grasses, se mirent à jouer les airs nationaux, la mazour, la cosaque, la cracoviaque et la kolomique, accompagnés du trépignement des danseurs tapant le sol de leurs talons et faisant résonner leurs éperons énormes, au milieu des acclamations et des rires des buveurs.

Passé minuit, Lidwine s’était retirée. Elle se laissa déshabiller par les servantes, et enfila sa pelisse de nuit, faisant semblant de rester levée. Mais, à peine seule, elle ferma rapidement la porte, poussa le verrou et respira profondément.

Alors seulement, elle fit lentement glisser sa pelisse, avec un sourire mi-espiègle mi-méchant.

Elle était devenue coquette, la belle Lidwine, mais, jusqu’à ce jour, n’avait pas violé son devoir conjugal.