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L’AMOUR CRUEL

tement les formes, et dont la jupe de laine bleue n’atteignant que les chevilles, découvrait les pieds mignons, chaussés de hautes bottines en maroquin rouge. La kasabaïka de cuir bistre doublé d’une peau d’agneau noir, enveloppait le buste et, sous le fichu de soie rouge qui entourait la tête comme un turban, la soyeuse chevelure châtain clair s’échappait, caressant les tempes et retombant en larges nattes le long du dos.

Une grande chatte, d’un blanc de lait, était accroupie sur le dossier du fauteuil de sa maîtresse et, les yeux fermés, ronronnait confortablement. À part ce ronronnement et le pétillement du feu, aucun bruit n’était perceptible. La jeune femme était absorbée dans le mouvement de son fuseau, ses grands yeux bleus, vides de pensées.

Tout à coup, des pas résonnèrent dans le couloir longeant la salle.

Lidwine prêta l’oreille, puis se dressa et d’un bond à la fois sauvage et gracieux, rejoignit les deux hommes qui paraissaient sur le seuil. Le chat, fuyant devant les grands danois qui précédaient leurs maîtres, avait sauté sur le rebord de la cheminée et suivait, avec une apparente tranquillité, les aboiements de ses ennemis naturels.