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L’AMOUR CRUEL

— Il n’y en a qu’un qui pourrait nous venir en aide, fit la nourrice après quelques instants de réflexion. Un seul !

— Qui cela ? questionnèrent plusieurs voix ensemble.

— Notre maître.

— Oui, celui-là, murmura-t-on de tous les côtés.

— Celui-là, reprit le portier avec un sourire, a autre chose en tête. Croyez-vous qu’il ait pris une jeune et belle femme, pour s’arracher de ses bras et partir en guerre après un mois ?

— Pourvu que les choses aillent bien à la maison, grommela la vieille servante. Notre maître a dépassé la quarantaine — je le sais bien, moi qui l’ai élevé, — le fils de sa première femme est déjà grand, et il prend chez lui une femme de vingt ans à peine, et donne à son fils une belle-mère plus jeune que lui ! Que Dieu le préserve de malheur !

La vieille se tut. Les autres poursuivirent l’entretien à voix basse, car on attendait le maître, qui pouvait revenir de chasse à tout moment.

Pendant ce temps, Lidwine, sa jeune épouse, se tenait dans la chaude salle du château, occupée à filer.