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HEMELNIZKI LE COSAQUE

comptait cinquante, tous bien armés et bien montés. Ils s’exerçaient journellement au maniement de leurs armes, galopant sur de petits chevaux fringants, et, le soir venu, se couchaient dans la paille auprès de leurs montures, ou bien, assis dans l’auberge, buvaient de l’eau-de-vie ou chantaient des refrains tristes et lents.

Ce soir, profitant de l’absence du maître, ils s’étaient rassemblés dans la longue salle de la seigneurie où les domestiques avaient coutume de prendre leurs repas, et devisaient avec les gens de la maison et quelques paysans du village, sur la persécution de la foi et les exactions des gentilshommes polonais et des fermiers juifs.

— Une maison à soi, quelque petite qu’elle puisse être, vaut mieux qu’une plus grande qu’on partage avec autrui, se lamenta un vieux cultivateur au front chauve et à la longue moustache blanche. Nous étions plus heureux quand nous n’étions pas chez des Polonais.

— Pour sûr que cela allait mieux, repartit une belle vieillarde, bien soignée dans sa jupe en toile multicolore et sa courte jaquette de peau de mouton.

C’était Barbara, la nourrice du seigneur, ac-