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PRÉFACE

confinait au génie et dont l’impressionnabilité presque enfantine éveille notre sensibilité.

Mme de Sacher-Mazoch d’ailleurs, au cours de ses confessions, rend malgré elle justice à son époux et nous place sous un charme qu’elle ne ressent plus : l’éternelle séduction exercée par l’artiste, parce qu’en tout artiste demeure l’enfant — et la froide raison ne prévaudra point contre lui.

Les Mémoires nous montrent, à chaque page, les côtés gracieux, délicats et élevés de cette nature : son ardeur joyeuse au travail, son inclination à rendre service, son amour de la nature et des bêtes, — allant jusqu’à apprivoiser une mouche et à subir tous les caprices de l’insupportable bestiole, — et sa patience inaltérable avec les enfants, dont la présence ne l’énervait jamais et à qui il se plaisait à faire de poétiques récits que le petit monde écoutait émerveillé.

En 1871, Sacher-Mazoch, dont les succès amoureux étaient aussi notoires que ses écrits, s’éprit par correspondance, d’une jeune fille à laquelle il suggéra de s’essayer dans la littérature et qu’il poussa dans cette voie, la tirant sans le savoir, de la plus affreuse misère. Mlle Rumelin, qui ne conservait d’espoir que dans la mort, s’épanouit, autant que sa