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LA VÉNUS DE MURANY

battants. On entendait, au loin, sa voix claire donnant des ordres, on voyait briller son casque et son épée. En peu d’instants, la fortune changea, et Wesseleny vit ses troupes reculer ; il vit le dernier de ses soldats précipité du haut des remparts, de la main même de la belliqueuse Vénus, et lui, le héros de tant de batailles, obligé de céder la victoire à une femme.

Pendant plusieurs jours, les armes se reposèrent. Puis, Wesseleny fit à nouveau tonner ses canons, tout en essayant de lasser les assiégés par des assauts partiels et de feintes attaques.

À la faveur de la nuit, une troupe d’élite s’approcha des remparts et lança dans la ville investie, une flèche à laquelle était fixée une lettre promettant de fortes récompenses aux personnes qui prêteraient la main à une surprise de Murany.

Un condottière siebenburgeois se laissa tenter. Il dissimula le billet dans sa veste, puis le montra à un camarade qu’il gagna à l’entreprise. La nuit suivante, l’un des deux quitta la ville et entra en pourparlers avec le général. Mais lorsqu’il revint, tout avait été découvert. Les deux traîtres furent saisis et amenés devant la châtelaine, qui prononça leur sentence.