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L’AMOUR CRUEL

Arrivé devant le rempart, Benjo brandit le drapeau blanc et demanda à communiquer avec le commandant du fort.

— Notre châtelaine, Marie Scetzi, commande en personne à Murany, lui fût-il répondu.

— N’y a-t-il pas d’habitants de Siebenburgen dans la place ?

— Eux, aussi, sont sous les ordres de notre maîtresse, repartit l’officier interrogé.

— Benjo hocha la tête et demanda à être introduit auprès de ce commandant féminin.

On lui banda les yeux et on le guida, à travers la ville, jusqu’à l’intérieur du château. Quand le bandeau tomba, le parlementaire était en face de Marie Scetzi entourée de ses capitaines, et contempla avec admiration la merveilleuse créature.

La Vénus de Murany faisait tout honneur à son nom. Majestueuse et charmante à la fois, une robe de soie noire, brodée d’or, tombait jusqu’aux fines chevilles de ses minuscules petits pieds. Une cuirasse d’acier contenait sa gorge de déesse. Sur ses épaules, tombait un dolman de velours noir, bordé de martre, tandis que sa belle tête autoritaire portait un cimier empanaché de plumes blanches, d’où les flots d’or de ses cheveux blonds s’échappaient