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L’AMOUR CRUEL

main sur son front, comme pour en chasser un pénible souvenir, et rejeta l’image, avec un mouvement d’humeur, dans le tiroir.

Dès l’aurore, les hommes étaient prêts.

En guerrier expérimenté, Wesseleny les passa en revue, puis s’élança sur son cheval et mena son régiment d’hommes choisis, au général Pouschaim, qui le reçut avec une joyeuse cordialité. Bientôt, ils furent rejoints par Zriny et ses Croates, Barcoczy et ses Polonais, tandis que Kemeny, poursuivant Pouschaim, avait réussi à s’adjoindre un corps de troupes commandé par Ibramy et faisant partie de l’armée de Racoczy.

Les Impériaux tinrent conseil. Le général Goetz, un grossier fils de paysan, lent et prévoyant, voulait continuer la retraite ; Barcoczy partageait son avis. Wesseleny et Zriny, au contraire, tenaient à livrer bataille.

Le maigre et énergique Pouschaim fit prévaloir leur opinion, en se mettant de leur bord.

Les préparatifs se firent dans le plus grand silence, et, dès le lendemain, l’armée impériale avança à l’attaque d’une manière si inattendue, que l’ennemi céda. En vain, Kemeny rétablit l’ordre dans ses troupes, un assaut de Wesseleny