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L’AMOUR CRUEL

pardon sans condition et libre parcours jusqu’aux frontières de mon royaume. Qu’elle apprenne que la cruelle et injuste souveraine sait être généreuse là où la générosité est à sa place.

Marguerite baissa la tête et se tut.

— Ôtez-lui ses liens, commanda la reine.

On obéit.

— Et vous, Sir Trafford, continua-t-elle, vous m’avez sauvé la vie, comment vous remercier ? Toute faveur que vous demanderez, vous est à l’avance accordée.

— Je n’ai plus rien à demander, fit le jeune homme, en pliant le genou. Votre Majesté a, de son propre mouvement, accordé la vie et la liberté à cette malheureuse femme. Ce qu’il me reste à désirer n’est pas en son pouvoir.

— Au pouvoir de qui donc ?

— La voici, s’écria Trafford, celle qui dispose pour moi, du bonheur et du malheur, de la vie et de la mort, Marguerite Lambrun !

— Et que voulez-vous d’elle ? questionna Elisabeth avec vivacité.

— Sa main.

— Jamais, traître, murmura Marguerite Lambrun.