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MARGUERITE LAMBRUN

— Oui, Majesté.

— Et, maintenant, que croyez-vous que soit mon devoir ? interrogea Elisabeth, sans trahir la moindre émotion.

— Madame, repartit la jeune femme avec une fermeté virile, je suis prête à vous répondre en toute franchise, si vous consentez à me dire si c’est en reine ou en juge, que vous me posez cette question.

— En reine, fit Elisabeth avec vivacité.

— Alors Votre Majesté ne me punira point.

— Et si, en effet, je vous accordais le pardon, quelle garantie aurais-je que vous n’entreprendrez plus rien contre moi ?

— Madame, répliqua Marguerite Lambrun, accorder une grâce à condition n’est pas une grâce, et Votre Majesté ne me traite plus en reine, mais en juge.

Elisabeth regarda l’intrépide femme avec étonnement, puis, se tournant vers sa Cour :

Je suis reine depuis trente-trois ans, et jamais personne ne m’a dit ces vérités.

— Que décide Sa Majesté ? demanda Lord Burleigh, accouru à la nouvelle de l’attentat.

— J’accorde à cette fidèle servante et épouse, un