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L’AMOUR CRUEL

le funeste projet qu’il commençait à soupçonner, et, malgré elle, à la sauver.

Elle tarda longtemps. Toute la cour était déjà réunie, quand elle entra d’un pas tranquille et alla se placer près de la porte de sortie. Sauf une légère pâleur, aucun changement ne se remarquait en elle. Ses yeux rêveurs parcoururent les assistants et se fixèrent sur l’aimé, qui le leur rendit avec ferveur et désormais ne la quitta plus du regard.

Wood, aussi, observait Marguerite d’une manière ostensible et, profitant du mouvement des groupes, réussit à se faufiler auprès d’elle.

— Toujours aussi revêche ? demanda-t-il.

Le page ne daigna pas répondre.

— Vous vous repentirez de votre dédain. La tour est, à ce qu’on dit, une habitation plutôt pénible.

Marguerite haussa les épaules et sourit avec un indicible mépris. Wood se mordit les lèvres et se tourna vers une dame d’honneur, occupée à rajuster sa dentelle.

Tout à coup, un mouvement se produisit. Les gentilshommes de service ouvrirent les portes donnant accès aux appartements de la reine, chacun gagna en hâte la place qui lui était attribuée dans