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MARGUERITE LAMBRUN

d’autres à la mort pour une cause perdue. Fuyez avec moi ce royaume.

— Non, non, Trafford, sanglota la jeune femme. Jamais plus je ne serais heureuse, si je manquais à mon serment. Pour Marguerite Lambrun, il n’est pas de retour, pas de bonheur sur cette terre. Relevez-vous !

— Marguerite, supplia Trafford toujours à genoux.

— Adieu, dit-elle, et, détachant rapidement une deuxième boucle de ses cheveux, prenez ce souvenir… et celui-ci.

De ses deux bras, elle entoura le bien-aimé et leurs lèvres s’unirent. Puis, s’arrachant violemment à l’étreinte, elle disparut dans les ruines.

La cour se trouvait de nouveau rassemblée — dames d’honneur, cavaliers et pages — dans l’antichambre de la reine, afin de l’escorter à l’office. Trafford avait paru l’un des premiers, arpentant la salle à grands pas, en proie à une agitation fébrile, mais décidé à empêcher Marguerite d’accomplir