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L’AMOUR CRUEL

— La cause est sacrée, pour laquelle j’agis et pour laquelle je me sacrifie toute, répliqua la jeune femme d’un ton solennel.

— Marguerite, supplia Trafford, faut-il que cela soit ?

— Il le faut, mon ami, et rien ne saurait m’empêcher de le payer de mon sang. Adieu ! Adieu ! pleurez-moi, ne m’oubliez pas complètement… un mot encore. À Dalbrith, en Écosse, vit ma vieille mère. Quand je ne serai plus, allez la trouver. Vous lui parlerez de moi et lui remettrez ceci.

La jeune femme tendit à Trafford le médaillon qu’il connaissait.

— C’est le portrait de mon mari et une boucle de cheveux.

— Et moi, Marguerite, que me donneras-tu en retour de mon amour, de ma fidélité ?

Marguerite fixa sur lui un regard d’infinie tendresse. Puis, se détournant, elle couvrit son visage de ses mains et pleura.

Trafford se laissa tomber à ses pieds.

— Marguerite, implora-t-il, il est temps encore. Vous êtes égarée, l’une des nombreuses victimes des jésuites qui ne sont jamais embarrassés, quand il s’agit de leurs ambitions égoïstes, de pousser