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MARGUERITE LAMBRUN

— Merci d’être venu, Trafford, balbutia-t-elle émue.

— C’est à moi à vous remercier, repartit le gentilhomme en appuyant les mains de la jeune femme sur son cœur, puis sur ses lèvres. Je commence à espérer…

— Il n’est point d’espoir pour une désespérée.

— Je ne vous comprends pas. Craignez-vous la trahison du misérable qui, cette nuit, implorait vos faveurs et finit en vous menaçant ?

— Oui.

— Alors, fuyez. Je vous donnerai les moyens de quitter Londres, l’Angleterre. Je vous accompagnerai, je vous suivrai partout, en ami, en serviteur, si vous le voulez, et vous ferez de moi le plus heureux des mortels.

La jeune femme secoua tristement la tête.

— Il ne m’est pas permis de fuir. Un serment me lie, j’ai à terminer une entreprise à laquelle j’ai voué mon existence.

— Une entreprise ? répéta Trafford avec effroi, vous, la dame d’honneur de la Stuart, déguisée à la cour d’Elisabeth ! Cela ne me dit rien de bon.