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L’AMOUR CRUEL

lution subite et chercha de la main l’un de ses pistolets.

À ce moment, le regard de la reine se posa sur lui. Il y avait tant de calme, tant de courage et de confiance dans ce regard, que le page laissa retomber sa main.

Elisabeth, se levant, le baisa au front et dit :

— Tu peux t’en aller. Mais, demain, entends-tu, nous reprendrons cet entretien, et nous ferons de la musique, si tu en as envie. Bonne nuit !

Aussitôt que la reine eut quitté la chambre, Sparte tira le médaillon de son sein et le couvrit de larmes et de baisers.

— Pardonne, murmura-t-il, je ne pouvais pas. Tu aurais agi de même. Mais tu seras vengé, et, elle aussi, notre bonne reine ! Je l’ai juré, je tiendrai mon serment.

Il faisait nuit. Antoine avait encore quitté le palais, mais, cette fois, sans être suivi. Rentré dans sa chambre, il jeta son manteau et posa sur la table son béret, d’où s’échappèrent un flot de boucles noires, tombant le long de son dos. Puis