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MARGUERITE LAMBRUN

page avec véhémence. Son malheureux destin, l’affront qu’elle subit en prison et devant les juges et, tout à la fin, sur l’échafaud, ne vous ont-ils jamais inspiré de pitié ?

— Certainement, mon enfant. J’ai pleuré en lisant la lettre dans laquelle elle me demandait un dernier entretien. Mais, avec elle, une paix durable n’était pas possible. Assez sur ce sujet. Moi aussi, Sparte, j’ai eu à subir des persécutions. J’ai langui en prison, à la Tour d’abord, puis à Woodstock ; j’ai comparu devant un tribunal, comme la Stuart ; j’ai supporté mon sort avec dignité, jamais je n’ai cherché à soulever des émeutes ou à armer le bras d’un meurtrier. Je me suis occupée de Dieu et de mes études, et, plus tard encore, quand j’eus recouvré ma liberté, j’ai vécu retirée, en la seule société de mon cher Platon et d’Horace que j’avais entrepris de traduire. C’étaient des jours graves, mais beaux. Je ne regrette pas de les avoir connus ; et, souvent, je regrette de ne plus les vivre.

Elisabeth demeura plongée dans ses rêves.

Sparte était toujours à ses pieds, les yeux fixés à terre.

Soudain, il se leva, comme poussé par une réso-