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L’AMOUR CRUEL

— Comme tu es ému ! dit Elisabeth d’un ton de reproche. Une exécution n’est pas un spectacle pour les enfants.

« Elle savait s’attacher tous les cœurs. Mais la Stuart devait mourir, Sparte. L’Angleterre et notre sainte foi étaient en danger aussi longtemps qu’elle restait en vie. On raconte qu’elle a dû mourir parce qu’elle était plus belle que moi. Mais c’est un mensonge, jamais elle ne m’a disputé le prix de la beauté. Puisque tu l’as connue, Sparte, quel est ton avis ?

Sparte se tut.

— Tu te tais ? fit la reine en souriant. Cela veut dire que tu n’as pas d’opinion. Tu n’as pas encore eu le courage de bien me regarder, mais une voix intérieure m’affirme qu’il est impossible que je te déplaise. Une sympathie aussi profonde que celle que je ressens pour toi ne peut être le jeu d’un caprice, d’une fantaisie. Elle repose sur l’opposition de nos caractères et ne peut demeurer sans retour. Je t’aime, Sparte, comme un enfant, un frère, un ami, et je te donnerai des preuves que l’affection d’Elisabeth n’est pas versatile comme celle de la Stuart.

— Vous êtes injuste pour la Stuart, s’écria le