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MARGUERITE LAMBRUN

ment non moins somptueux, mais plus confortable. Sparte resta seul dans le petit salon, où se trouvaient le clavecin, la bibliothèque et les globes de la souveraine.

À peine se vit-il sans témoin, que le visage d’ordinaire si froid et si indifférent de l’enfant, prit une expression de passion sauvage. Il tomba à genoux, leva les bras au ciel et prononça une prière, en versant des larmes. Puis, s’étant relevé, il tira, l’un après l’autre, deux pistolets de sa ceinture, s’assura qu’ils étaient chargés et les remit en place.

Lorsque la reine entra, Sparte était assis au clavecin et jouait un air religieux.

— Tu joues bien, dit la reine. Mais comment se fait-il que tu connaisses cet air ?

— Ma mère me l’a enseigné.

— C’est un chant papiste.

Elisabeth prit place sur un fauteuil élevé, à haut dossier richement sculpté, et fit signe au page de venir s’asseoir sur un tabouret à ses pieds.

L’enfant hésitait.

— As-tu peur de moi ? demanda la souveraine.

— Je ne crains que Dieu.