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LE MYRTHE DES AMANTS

— Comme tu voudras, murmura la jeune fille.

Lorenzo alla quérir le prêtre. Celui-ci alluma les cierges de l’autel et donna le saint baptême à Rachel. Puis, unissant leurs mains, il les bénit. Comme ils ne possédaient qu’une bague, Lorenzo la passa au doigt de Rachel, et celle-ci, prenant une boucle de ses cheveux, en forma un anneau qu’elle remit à Lorenzo, avec ces mots :

— Maintenant, tu es mon époux.

— Et toi, mon épouse, répondit-il.

Protégés par la nuit, ils s’échappèrent de la ville. Sur la petite prairie qui porte le nom de Strozzini, il y avait alors un grand myrthe dont les branches frémissaient, nuptiales, au vent de la nuit. Là ils s’arrêtèrent, et Lorenzo attira sa femme sur son cœur, pour la première et la dernière fois.

— Rachel, fit Lorenzo, voici l’aube qui blanchit.

— Oui, il est temps de mourir, répondit-elle.

— L’orient s’éclaire, l’air est vif, je frissonne, murmura le jeune homme.

— Ceci suffira pour deux, dit-elle en dénouant