Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
84
L’AMOUR CRUEL

Et déjà l’un des jeunes gens avait arraché le loup du visage de Rachel.

Alors Lorenzo, aussi, se démasqua et, simultanément, tira son épée. Ses adversaires imitèrent son exemple. Un combat furieux s’ensuivit. Mais le vaillant Altoviti savait se défendre, et blessa, l’un après l’autre, tous ses agresseurs. Un mouvement malheureux étendit Stéphano à ses pieds. Tandis que les amis du mort s’empressaient autour de son cadavre, Lorenzo, entraînant Rachel, réussit à se réfugier dans l’église San Michele.

— Je suis perdu, furent les premières paroles du Jeune patricien. J’ai tué un proche parent des Médicis. Il me faut fuir ou attendre, ici, la hache du bourreau.

— Le bonheur ne nous est pas destiné ici-bas, dit Rachel en s’enlaçant à lui avec une indéfinissable tendresse. Mourons ensemble. Dieu nous sera plus propice que les hommes.

— Est-ce là ton sérieux, Rachel ? demanda Lorenzo entraîné.

Elle hocha la tête en signe d’assentiment.

— Alors, c’est un bon ange qui nous a conduits. Je connais le prêtre de ce lieu. Il nous bénira, puis nous mourrons.