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L’ENNEMI DES FEMMES

ment du sable sous les pieds devint plus faible ; la robe ne frôla plus les arbres. Et le silence devint complet.

Constantin rentra chez lui, le cœur alourdi des larmes que ses yeux égouttaient.

— Elle sait bien que je l’aime ! peut-être savait-elle que j’étais là à l’écouter, à l’entendre respirer ; elle a voulu me désespérer ! Non, non, elle ne m’aimera jamais. Je suis fou, et Diogène a raison. Ah ! si je pouvais la haïr ! c’est un démon.

En arrivant à la porte, il résuma ses réflexions et ses anathèmes par un soupir, et ses derniers mots furent :

— Cher ange !

Toutefois, sans cesser de paraître aux réunions motivées par l’exercice du français, Constantin s’abstenait de visites, en dehors de ces séances un peu banales.

Un jour, madame Pirowska, rentrant après une promenade, le rencontra sur la place et lui demanda :

— Pourquoi ne venez-vous jamais seul nous voir ? Est-ce un vœu de ne point nous rendre visite ?

Petrowna était avec sa mère ; elle tournait le dos à Constantin, lui laissant admirer seulement ses nattes blondes ; et pendant ce colloque, elle traçait sur le sable, avec le bout de son ombrelle, des dessins fantastiques.

Constantin remercia avec politesse, et s’excusa en alléguant qu’il croyait avoir remarqué que ses