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L’ENNEMI DES FEMMES

Constantin tressaillit ; il lui semblait que la voix de Petrowna tremblait.

— Monte ! il fait frais ! ordonna la voix de madame Pirowska.

— Il ne fait pas frais pour moi !

— Je veux que tu montes, reprit la voix d’un ton presque suppliant.

— Et moi, je veux rester, répliqua la jeune fille avec décision.

La voix maternelle se tut. Le sable cria sous des pas rapides qui dénotaient de la colère ; et Constantin distingua le frôlement d’une robe de soie contre les arbrisseaux.

— Petrowna ! recommença la voix.

Point de réponse.

— Petrowna !

Le sable lui-même cessa de crier. Madame Pirowska se déclara vaincue. Au bout de cinq minutes, une mélodie douce, voilée, monta du jardin. Ce ne fut d’abord qu’un gazouillement indiscret, puis on put saisir ces paroles d’une polonaise populaire :

Belle jeune fille, aimée et si fière,
Oh ! que ta rigueur se change en bonté ;
Apaise pour moi ton âme farouche !

Il se fit une pause après ces vers ; la voix plus vibrante reprit d’un air moqueur :

Non ! L’amour est un feu terrible
Qui brûle les mains et le cœur.

La chanson se termina à ce couplet. Le craque-