D’abord, elle se montra enjouée, enfantine, presque folâtre. Elle pétrissait, avec la mie tirée des tartines du thé, de petites boulettes de pain qu’elle lançait à Léopoldine engagée dans une intéressante conversation avec Constantin ; puis elle se calma et devint silencieuse en jouant avec ses tresses. Puis elle alla cueillir une rose rouge qu’elle attacha à son corsage, dirigea ses beaux yeux bleus sur Constantin, d’abord timidement, à la dérobée, et enfin fixement.
Pendant le souper, le vieux Barlet, assis à côté d’elle, lui demanda :
— Comment trouvez-vous mes jeunes gens ?
— Comme tous les jeunes gens : prétentieux, infatués ! Ah ! monsieur Barlet, les vieillards sont beaucoup plus aimables.
— Les jeunes gens d’aujourd’hui, reprit le professeur de français, se rendent malheureux ; ils prennent trop au sérieux la vie.
Petrowna éclata de rire et dit à demi-voix :
— Vous ne me ferez pas accroire que M. Jablowski, avec sa belle santé et sa bonne mine, soit bien malheureux !
— Constantin ! il l’est plus que tous les autres.
— Pourquoi ?
— C’est son secret.
La jeune fille regarda le vieux Français, qui avait pris un air de compassion paternelle. Après un instant de réflexion :