Page:Sacher-Masoch - L’Ennemi des femmes, 1879.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
45
L’ENNEMI DES FEMMES

riez que la fleur de la société, ajouta madame Pirowska en grasseyant avec dignité.

— Certainement, repartit le vieux Français. D’abord M. Melbachowski.

— Il est agréable, reprit la dame.

— Ensuite M. Jaroslaw, un jeune poète.

— Un poète !… dit Léopoldine dédaigneusement.

— Enfin, ajouta le vieux professeur, M. Constantin Jablowski, de la direction civile du cercle.

Ce dernier était plus inconnu que les deux autres élèves de M. Barlet ; cependant il fut admis au scrutin, malgré l’opposition de Petrowna, qui déclara que c’était gâter le plaisir de la campagne que d’admettre ainsi trois jeunes gens pour des exercices de grammaire. Elle jura bien qu’elle n’assisterait que le moins possible à ces séances pédantesques, et qu’elle irait se promener à cheval toutes les fois qu’un de ces messieurs se présenterait.

Malgré ses fières résolutions, Petrowna assista à la visite de cérémonie que les élèves de M. Barlet firent au palais de la place, accompagnés et présentés par leur vieux professeur.

Une première soirée de conversation française eut lieu dans le kiosque du jardin. Melbachowski fut fort aimable ; Jaroslaw soupira des vers qu’il traduisit en français, et mâchonna des vers français qu’il écorcha ensuite sous prétexte de les traduire.

Constantin n’adressa pas une seule fois la parole à Petrowna ; il évita même de la frôler d’un regard.