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L’ENNEMI DES FEMMES

— Voilà un petit livre que je voudrais propager dans ce pays, reprit le vieux Français avec onction. Vous n’entendez rien à la galanterie ; laissez-moi, mon cher enfant, vous donner des leçons.

— Je le veux bien ! murmura Constantin avec plus de politesse que de conviction ; car il croyait en savoir assez, se sentant le cœur tout brûlant d’amour.

— Vous viendrez me voir tous les jours ; c’est entendu, dit le professeur d’amour. Nous lirons ensemble la Campagne de 1812, par Ségur, qu’un auteur allemand a nommée l’Iliade française ; et, toutes les fois que vous serez embarrassé dans la conversation avec Petrowna, nous chercherons une solution dans le dictionnaire. Maintenant… il faut que j’aille donner mes leçons ; bonjour, et à demain !

Le vieillard mit son chapeau, prit un petit jonc à pomme d’or, et, serrant le Dictionnaire galant dans sa poche :

— Il ne me quitte jamais ; c’est mon bréviaire. On ne sait pas ce qui peut arriver. Un élève peut avoir une question à m’adresser. Et puis ce livre m’aide à me souvenir !

Constantin vint tous les jours, à quatre heures, étudier chez M. Barlet la campagne de 1812, en jetant, de temps à autre, par la fenêtre, un regard dans le jardin, où il voyait la taille souple de Petrowna onduler à travers les allées.

Un hasard malicieux voulut qu’un jour Cons-