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L’ENNEMI DES FEMMES

découvertes à la science. Voici d’abord son signalement… Inutile de vous le faire lire. Voilà son acte de naissance, des détails sur sa fortune et sur sa famille, une esquisse de son caractère, une biographie qui date du jour où elle brisa sa dernière poupée. Pauvre poupée ! elle lui fendit la poitrine et lui arracha tout le son. Voilà la date de sa première robe longue, avec une lettre — innocente — à une amie, que j’ai pu me procurer. Voilà le compte de sa couturière de l’année dernière ; il est mesquin. Cette jeune fille sera peut-être avare ! Ah ! je trouve le rapport, recueilli par moi, d’un cocher au service de ses parents. Le malheureux avait commis l’étourderie de faire passer sa voiture sur les jambes d’un gamin qui jouait mal à propos sur la route. Il reçut une vingtaine de coups de fouet, par l’ordre de cet ange, et dut garder le lit huit jours de plus que l’enfant à peine écrasé. Voulez-vous lire les communications d’une vieille dame qui fut témoin d’un acte téméraire ? Un jour, Petrowna se jeta dans le Pruth pour sauver… un jeune chien qui allait se noyer ; et quand elle sortit de l’eau, ses vêtements, collés à ses membres, compromettaient à ce point sa pudeur que la vieille dame, passant par là, eut une syncope. — Il paraît que Petrowna s’endort volontiers au sermon. Elle préfère Gœthe et Byron, un païen et un athée, au pur et doux Schiller. Elle tua un jour, de sa main, d’un coup de revolver, le vautour favori de son père, parce