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L’ENNEMI DES FEMMES

Diogène refusa d’abord de donner aucune explication à Melbachowski. Mais celui-ci revint si souvent à la charge, en alléguant les enseignements reçus autrefois, les exemples donnés par le maître que, par un reste de faiblesse, le maître essaya de tourner son disciple. Ce fut vainement. Melbachowski avait tout juste assez d’esprit pour bien jouer le métier de sot.

Après une longue conversation sur l’amour, les femmes et le mariage :

— On vous tend un piège, dit-il à Diogène.

— Quel piège ?

— Votre femme ne se trouve pas assez vengée par votre duel et votre blessure ; il lui faut un triomphe public ; elle l’a promis à toutes les dames de la ville.

— Ah ! Eh bien, ce qu’elle a promis, je l’exécuterai.

— Prenez garde ; vous allez vous rendre à jamais ridicule.

— J’ai peur de l’avoir été ; je ne crains pas de le devenir.

— Que ferez-vous d’ailleurs qui puisse les satisfaire ?

— Je ferai comme Henri IV, l’empereur d’Allemagne, à Canossa, j’irai me faire relever publiquement de l’excommunication.

— On vous laissera dans votre posture humiliante.

— Tant pis pour celle qui m’y laisserait ! Mais je suis sûr qu’on ne m’y laissera pas.