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L’ENNEMI DES FEMMES

premier, il répondit sans hésiter : — Je vous accorde Petrowna. Au second il dit : — Je vais vous faire répondre par madame Pirowska. Ce fut elle en effet qui, mandée au salon, reçut en présence du major communication de la requête.

— Oui, — dit-elle avec un pincement de la bouche qui témoignait d’une grande ironie, sans que l’on pût savoir si elle se moquait de son mari ou de son futur gendre, — oui, major, vous êtes trop honnête homme pour ne pas faire le bonheur de ma fille.

— Puisqu’il en est ainsi, — s’écria M. Pirowski, — je vous donne ma bénédiction, major.

Le mot « bénédiction » n’était que l’hyperbole d’un consentement qui avait coûté quelque effort. En réalité, il serra la main du major, et tout fut dit.

Petrowna, depuis son démêlé romanesque avec Constantin, était un modèle de douceur, de simplicité. Toutes les violences, tous les caprices étaient oubliés par elle. Elle se mirait avec tant de dévotion dans Nadège ; elle voulait si bien lui ressembler, qu’elle prenait peu à peu à sa grande amie son indulgence, sa bonté, et l’on eût pu dire sa hauteur de vue, en toutes choses.

— Vous savez ce que je vous ai dit, — répéta-t-elle à Constantin, — nous nous marierons quand il plaira à M. Diogène Kamenowitch.

— Mais s’il ne lui plaisait jamais de faire sonner cette heure fortunée !

— Homme de peu de foi !