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L’ENNEMI DES FEMMES

redouter dans ce pays. Je suis prêt, monsieur, à vous admettre au nombre des initiés.

— Je suis venu avant tout vous demander des renseignements sur mademoiselle Petrowna, reprit Constantin. S’ils sont de nature à m’empêcher de l’aimer, je me résignerai peut-être à faire un serment comme le vôtre ; permettez-moi de ne vous rien promettre jusque-là.

Diogène s’inclina, et, montrant le chemin, dit à ses trois visiteurs :

— Allons au greffe.

Les sarcasmes d’un homme d’esprit, cruellement blessé dans le vif de son amour et de son amour-propre, s’épanouissaient, avec une exagération bizarre et fantastique, dans la pièce que Diogène nommait le greffe de l’amour.

Il n’était pas un panneau, un meuble, un clou, qui ne fût la déposition d’un témoin irrité contre la perfidie féminine. C’était le musée de la haine composé avec les instruments de l’amour. Des sirènes, des serpents, des Èves impudiques, des Dalilas, des Vénus dans toutes les postures, des Danaés sous toutes les averses, des chaînes, des flèches, des arcs, des bois comme ceux d’Actéon, des devises dans toutes les langues, des blasphèmes contre toutes les grandes amoureuses, étincelaient, rayonnaient, en sculpture, en peinture, en dorure, en ciselure.

Sur une table en mosaïque représentant un chat, probablement une chatte, jouant avec une souris,