assez maître de moi pour ne pas me prosterner tout d’abord à tes pieds.
— Tu es encore un peu pâle, — reprit madame Ossokhine, en l’obligeant à s’asseoir ; — mais cela ne sera rien. À propos, le major voudrait bien te présenter ses excuses ; mais il a craint d’être mal reçu.
Diogène eut un tressaillement involontaire. Sans doute, il ne se souvenait de sa jalousie que comme d’une sottise ; mais il eût voulu que Nadège s’abstint d’évoquer ce souvenir, dès sa première visite et dès les premières minutes de leur tête-à-tête. Il se mordit la lèvre.
— Tu peux dire au major… puisque tu le vois…
— Certes, je ne l’abandonnerai pas qu’il ne soit le mari de Léopoldine.
— Tu lui diras qu’il peut venir ; je ne lui demanderai pas ma revanche.
— Non, — reprit madame Ossokhine, — c’est ici que votre rencontre se fera, un de ces soirs ; je vous servirai le thé.
— Soit, dit Diogène avec soumission, j’avalerai le thé et le major.
Nadège eut un petit rire.
— Est-ce que tu es encore jaloux ?
— Si je te disais que je suis seulement honteux ?
— Je te féliciterais.
— Et tu me pardonnerais ?
— Le duel ? oui.
— Oh ! le duel n’était qu’une conséquence.
— Raison de plus pour ne pardonner que cela.