plusieurs heures et qui se trouvait dans un état de rêverie vague, flottante, entre le rêve et la veillée, vit entrer dans sa chambre le vieux Gaskine, dont l’absence, pendant tout le jour, l’avait fort ennuyé.
— D’où venez-vous donc ? — lui demanda-t-il ; — vous m’abandonnez ?
— Je vous abandonne si peu que j’ai fait une course pour vous.
— Ah !
— J’ai été vous acheter une image.
— Une image ?
— Vous savez que nous autres paysans nous croyons à l’efficacité des prières débitées devant certaines patronnes. Ce qui vous manquait pour aller tout à fait bien, c’était votre image de sainte ; je l’ai.
Diogène essaya de se soulever sur son lit. Le sourire qu’il voyait, ou plutôt qu’il devinait, sur les lèvres de Gaskine, car il l’apercevait mal, dans l’ombre de la chambre éclairée par une chandelle, ce sourire l’intriguait et l’inquiétait.
— Où est-elle, votre image ? — demanda-t-il avec une sorte de prière timide. — Dans votre poche ?
— Non, elle est trop grande ; elle est là, derrière la porte !
Diogène eut la force de se soulever tout à fait, de se mettre sur son séant. Il agita la main, car il n’avait plus le pouvoir de parler ; il fit signe qu’on ouvrit la porte. Gaskine lui obéit ; mais auparavant il alluma sur la table trois flam-