Page:Sacher-Masoch - L’Ennemi des femmes, 1879.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
17
L’ENNEMI DES FEMMES

— Moi ! s’écria Constantin, en s’examinant avec attention.

Diogène quitta la table sur le bord de laquelle il était assis, vint droit au néophyte qu’on lui présentait, et, de sa main délicate, tirant un long cheveu blond engagé sous le col de chemise du jeune homme :

— Voilà, dit-il, un fil d’or qui ne peut provenir que de Petrowna.

— À quoi tient la science ? repartit Constantin en riant, tandis que ses deux amis étaient prêts à tomber en extase, — si j’avais changé de linge, cette preuve vous manquait, et l’augure était en défaut.

— Qu’en savez-vous ? reprit Diogène avec vivacité.

— Au surplus, continua Constantin, c’est moins à votre prescience qu’à votre science que je m’adresse. Mes amis m’assurent que vous pouvez me renseigner complètement sur Petrowna.

— Pour que vous la haïssiez ?

— Non, pour que je l’épouse.

— Le cas est encore plus grave que je ne le pensais, dit le philosophe. Ah ! vous voulez vous marier ! et avec mademoiselle Pirowski ! Eh bien, mariez-vous ! Je ne serai pas votre complice.

— Est-ce le mariage en lui-même que vous blâmez ?

— Certainement. Je ne défends pas d’aimer. Properce a dit que c’était le meilleur moyen d’arriver à la haine.