— Je veux au moins attendre, avant de répondre, dit Léopoldine.
— Attendre quoi ? — s’écria Petrowna, en frappant du pied. — Dans huit jours, dans un mois, dans six mois, tu n’en sauras pas plus que tu n’en sais aujourd’hui, sur ton cœur et sur les qualités du major.
Celui-ci eut un exhaussement subit des sourcils qui mimait un acquiescement solennel aux judicieuses réflexions de Petrowna. Constantin, lui, souriait de l’ironie évidente des paroles de sa malheureuse fiancée.
— Au surplus, — ajouta Petrowna, — tu es mon aînée, ma chère, et tu as, sans doute, plus d’expérience que moi. Libre à toi de me laisser marier avant ton tour !
— Ah ! dit Léopoldine en se redressant, vous êtes d’accord ?
— Oui, je m’étais trompée. Constantin n’a eu aucun tort ; je lui ai demandé pardon, et c’est fini !
— Tu as demandé pardon ? Tu te maries ? répliqua Léopoldine très étonnée et un peu piquée.
Elle fit deux tours dans le salon, pour user son impatience, puis revenant se placer devant le major :
— Eh bien, puisque c’est la mode aujourd’hui, dans la maison Pirowski, je vous demande pardon de vous avoir mal reçu. Je ne suis pas si prompte, cependant, que Petrowna à prendre un parti définitif. Je suis, en effet, son aînée, je lui dois l’exem-