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L’ENNEMI DES FEMMES

Le traîneau déposa Constantin et Petrowna devant la maison Pirowski ; puis Jaroslaw alla faire les commissions dont son père l’avait chargé, et il fut assez fier, malgré tout, de parcourir la ville en toilette de fermier que l’on sait riche et qu’on salue avec respect, pour son importance.

En entrant dans le salon du Palais de bois, les deux fiancés parurent avoir troublé ou plutôt interrompu, fort à propos, un tête-à-tête pénible entre le major et Léopoldine.

Celle-ci, nonchalamment étendue sur un divan, les yeux au plafond, balançant avec son pied droit une petite pantoufle de velours rouge, brodée d’or, qui tombait parfois et qu’elle rattrapait avec la pointe du pied, sans se baisser, paraissait fatiguée, impatientée d’une longue conversation qu’elle avait eue avec le beau Casimir.

Quant à lui, assis droit sur une chaise, il tenait ses deux gants pliés dans sa main gauche, qu’il appuyait fortement sur son genou, et de la main droite caressait, étirait sa barbe noire, en roulant de gros yeux.

— Eh bien, qu’y a-t-il ? demanda Petrowna, en s’arrêtant devant le couple silencieux et boudeur.

— Il y a, dit le major, que mademoiselle Léopoldine a refusé ma main.

En disant cela, le héros remuait sa main, comme pour la faire miroiter, ainsi qu’un miroir d’alouettes.

— Est-ce vrai ?