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L’ENNEMI DES FEMMES

— Jaroslaw, fais atteler le grand traîneau, celui qui vous a amené, pan Constantin, et tu conduiras M. Jablowski et panna Petrowna à la ville. Tu iras dire à madame Ossokhine, à qui je m’étais plaint de toi, que je suis satisfait de ta docilité ; tu diras, si tu veux, à mademoiselle Scharow que je lui souhaite de trouver un mari, et tu n’oublieras pas de passer chez Simon Swinkeles, pour recevoir deux cents florins qu’il me doit d’une vente de grains, et qu’il aurait dû me payer il y a trois jours.

Jaroslaw s’inclina devant son père, n’osa rien laisser paraître de la joie qu’il ressentait de cette occasion de se trouver libre avec Constantin et alla faire préparer le traîneau, pendant que Petrowna causait avec Olga, et la félicitait de son prochain mariage.

— C’est à mon père Gaskine que je devrai mon bonheur, dit la jeune fille pieusement.

Le père Gaskine accepta l’éloge, sans sourciller.

— C’est lui, — continua Olga, — qui a amené la paix, l’ordre. Père Gaskine peut tout ce qu’il veut, et veut tout ce qu’il peut. Je crois même, — ajouta-t-elle avec un joli sourire, — qu’il pourrait davantage, et s’il lui plaisait que la neige fondît, que les arbres portassent des fleurs, je crois que le printemps reviendrait aussitôt.

Gaskine trouva le compliment excessif.

— Ma fille, — dit-il un peu froidement, — je ne suis qu’un homme ignorant, mais de bonne volonté, que Dieu exauce. Je fais le devoir : je ne songe pas à