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L’ENNEMI DES FEMMES

s’habillait aux modes allemandes ou françaises ; quand il faisait de la poésie ; quand il écrivait contre les femmes ; quand il méprisait son père et sa fiancée. Aujourd’hui, il est vêtu comme doit l’être le fils du père Gaskine ; il fait ce que doit faire le fils d’un fermier qui reçoit des hôtes comme vous, et il n’aura pas à rougir, quand je lui donnerai ma bénédiction de paysan.

— C’est égal, monsieur Gaskine, — reprit Constantin, — je ne peux pas oublier que Jaroslaw a été mon ami.

— C’était beaucoup d’honneur pour lui. Il était aussi l’ami, l’obligé de M. Diogène Kamenowitch.

Constantin s’était levé.

— Je ne m’assiérai, monsieur Gaskine, que quand Jaroslaw se sera assis à côté de nous.

Le vieux Gaskine regarda Petrowna. Celle-ci se leva également en pressant le bras de son fiancé.

— Je veux boire au mariage de M. Jaroslaw, — dit-elle avec grâce. — Qu’il prenne un verre, et si sa fiancée est ici, qu’il nous l’amène. Si elle n’est pas dans la maison, comme elle doit être à Troïza, qu’il aille la chercher.

Jaroslaw, pâle d’émotion, de honte, d’effort qu’il faisait sur lui-même, pour ne pas éclater en sanglots ou en cris de rage, avait posé le plat sur la table et attendait, immobile, que son père eût prononcé. Le vieux Gaskine tenait la tête baissée. Après avoir réfléchi quelques minutes :