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L’ENNEMI DES FEMMES

cueillie, comme si elle avait accepté la responsabilité de ce qu’avait fait Gaskine, sans avoir à s’en vanter ou à s’en excuser.

— Bonjour, Constantin, — dit-elle ; — il paraît que vous désirez une explication. Cela se trouve bien ; je voulais vous en demander une. Que voulez-vous savoir ?

— D’abord, pendant combien de temps vous songez à me maintenir ici ?

— J’ignorais que mon vieil ami Gaskine vous eût amené ici ; mais c’est un homme droit, auquel on ne peut en vouloir. Si le jardin de la ferme n’était pas couvert de neige, je vous prierais de monter avec moi. Nous causerions en nous promenant. Il fait froid dehors, il fait chaud ici. Nous sommes mieux pour nous expliquer. Personne ne nous écoutera.

— Personne ? demanda Constantin, en tournant ses yeux vers Gaskine.

— Personne, répéta Petrowna.

Gaskine comprit. Il laissa la lanterne posée à terre, salua et se retira.

Dès que les deux fiancés furent seuls :

— Comme il y a longtemps, — reprit la jeune fille avec douceur, — que nous n’avons pu nous parler !

— C’est vrai ! mais est-ce ma faute ?

— Sans doute, repartit vivement Petrowna, vous ne venez plus à la maison, vous me fuyez !

— J’avais la conviction de vous être désagréable.

Petrowna haussa les épaules.