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L’ENNEMI DES FEMMES

Un pied robuste se posa sur lui, non pour ajouter un supplice nouveau à ce traitement brutal, mais sans doute pour le maintenir immobile ou pour l’empêcher de tomber. Un sifflement, un trille guttural se fit entendre, et le traîneau partit emporté par deux chevaux vigoureux.

Constantin n’était pas placé commodément pour réfléchir. Mais la réflexion était si fatale, qu’il s’y abandonna aussitôt avec fureur, en se demandant si vraiment Petrowna était pour quelque chose dans ce singulier enlèvement.

L’idée que des voleurs, des brigands s’étaient emparés de lui pour le dépouiller était absurde et ne pouvait le préoccuper.

S’il n’eût pas su que Diogène avait quitté la ville, il eût plus vraisemblablement supposé une épreuve bizarre, une plaisanterie d’un goût douteux, mais originale, de ce grand sceptique, toujours sur le point d’imposer les formules de l’initiation à ceux qu’il voulait endoctriner.

Constantin ne s’était arrêté à aucune conjecture raisonnable et vraisemblable, quand le traîneau lui-même s’arrêta. Il fut enlevé comme il avait été déposé. Il comprit qu’on le descendait dans une cave, qu’on le plaçait sur une sorte de banc ; puis, on lui enleva le sac qui lui couvrait le visage, et, à la clarté d’une lanterne, il aperçut devant lui le vieux Gaskine qui le regardait d’un air narquois et dur.

Constantin secoua la tête avec violence.