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L’ENNEMI DES FEMMES

Taverne rouge paraissait saupoudré de sucre. La taverne elle-même, seulement éclairée par une petite lumière qui tremblait derrière une vitre, avait un air de joujou énorme ou de pièce de confiserie préparée pour un dessert gigantesque.

Ce fut sous ces impressions agréables que Constantin se promena pendant vingt minutes. Au bout de ce temps, une anxiété curieuse le tourmenta, puis l’impatience lui vint, et ne voyant arriver personne, commençant à craindre d’avoir été mystifié, il alla frapper à la porte de la taverne. Il faut bien avouer d’ailleurs qu’il avait très froid et qu’il espérait trouver de quoi se réchauffer.

La porte s’ouvrit ; mais un homme, dont il était impossible de distinguer le visage, à demi caché sous un gros bonnet cosaque, lui barra le passage, et, au lieu de le laisser entrer, le poussa dehors en refermant la porte.

— Qu’est-ce que cela signifie ? demanda Constantin.

L’homme ne lui répondit pas, mais leva la main. C’était un signal. Au même instant, Constantin se sentit saisi par les bras ; on lui appliqua un mouchoir sur la bouche, et on en fit un bâillon ; on jeta sur sa tête un sac qui l’aveugla complétement et avant qu’il eût pu se débattre, sans qu’il lui fût possible de pousser un cri, il était étroitement garrotté et emporté par deux hommes robustes, jusqu’à un large traîneau où il fut mis, en bas du siège, en travers, comme un paquet.