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L’ENNEMI DES FEMMES

bien que je serai forcé de le battre, pour qu’il épouse Olga Karsowa.

— C’est un mauvais moyen, père Gaskine ; répondit Petrowna en fronçant le sourcil.

— C’est le seul moyen, panna Petrowna. Voyez ce qu’a fait Nadège ; elle nous a donné un exemple qu’il faut suivre. Quand on pense que cet homme orgueilleux, ce Diogène Kamenowitch, a eu peur !

— Constantin n’aurait pas peur ! soupira Petrowna.

— Lui ! il a peur déjà. Ne craint-il pas de nuire à son avancement et de déplaire au gouvernement en vous épousant ?

— Qui a dit cela ? s’écria Petrowna, blessée d’entendre formuler tout haut ce qu’elle n’osait s’avouer à elle-même.

— On le dit partout, répondit Gaskine.

— Ah ! si cela était vrai ! repartit la jeune fille !

— Que feriez-vous ?

Petrowna devint pâle et serra ses petits poings.

Après un silence, pendant lequel il l’observait, le vieux Gaskine lui dit :

— Voulez-vous me permettre de faire ce que je crois utile ?

Petrowna interrogea le fermier, et comme l’entretien dura longtemps, fut très vif de part et d’autre, je ne saurais, sans allonger le récit, le reproduire textuellement ; mais ce que je puis dire, c’est qu’il eut pour conséquence l’événement auquel j’ai fait allusion plus haut.